« La sorcière incarne la femme affranchie de toutes les dominations, de toutes les limitations ; elle est un idéal vers lequel tendre, elle montre la voie » cette citation est tirée de l’excellent essai « Sorcières, la puissance invaincue des femmes » de Mona Chollet
Qui étaient donc ces sorcières, accoucheuses ou guérisseuses ?
Les femmes ont toujours été soignantes, sans titre ni diplôme interdites d’accès pour la plupart aux livres. Elles étaient pharmaciennes, botanistes cultivant des plantes médicinales dont elles se partageaient les secrets de leur utilisation.
Elles apprenaient les unes des autres ; de voisine à voisine, de mère en fille, de tantes en nièces … des guérisseuses, phytothérapeutes autonomes souvent les seules à pouvoir venir en aide aux femmes et aux pauvres.
Ces femmes savantes, accusées de mille maux, de sorcellerie, d’hérésie, de lubricité et de tous les crimes sexuelles imaginables contre les hommes, accusées de posséder des pouvoirs magiques affectant la santé et répandant le mal, surtout quand il s’agissait d’obstétrique, avorteuses, tueuses de bébés livrés à satan, traitées de sorcières, ces femmes puissantes mais soumises au pouvoir de l’église et des seigneurs, érudites mais illettrées, n’ont pas pu nous livrer leur histoire et nous la connaissons malheureusement qu’à travers le prisme de leurs persécuteurs.
Les sorcières étaient botanistes et guérisseuses, elles détenaient un savoir-faire « médical », un savoir unique : la phytothérapie.
La phytothérapie est la connaissance des plantes, leurs utilisations, leurs pouvoirs et leurs toxicités. Un savoir de plusieurs milliers d’années de la Chine à l’Amazonie en passant par l’Afrique et l’Europe, détenus par des chamans, guérisseuses, druides ou sorcières. Cela représente une immense connaissance des plantes nommées, décrites et transmises dans plus de 5000 langues et dialectes à travers le monde.
Les anciens connaissaient d’instinctet d’intuition les pouvoirs des plantes, savaient en faire des remèdes mais s’en servaient aussi pour des rituels de magie.
Leurs savoirs empiriques des plantes s’appuyaient sur les propriétés médicinales ou sur leur toxicité qui étaient constatés et vérifiés par l’expérience. Ils savaient quelle plante mettre dans les soupes ou les breuvages, laquelle allait servir à préparer des onguents ou des cataplasmes et celles qui servaient aux tisanes et décoction.
Et puis il y a l’utilisation de la plante basée sur la théorie de la signature ; selon cette théorie, son pouvoir est lié à l’aspect général de la plante, sa silhouette, la couleur du fruit, la forme du feuillage ou encore des racines. L’observation de la plante et ses différents aspects vont servir de guide dans la destination et l’utilisation magique ou thérapeutique … c’est une connaissance basée sur l’intuition.
La magie (verte) était intimement liée à phytothérapie puisque les propriétés hallucinatoires, ou encore cicatrisantes, antiseptiques, anti-fièvre ou purifiantes occupaient une bonne place dans les recettes magiques destinées à éloigner le mal, protéger de la contagion ou stopper les épidémies.
Aujourd’hui il existe une discipline scientifique passionnante, l’ethnopharmacologie, qui vérifie, démontre et valide les propriétés pharmacologiques des usages anciens et traditionnels des plantes à travers le monde entier.
La chimie végétale a fait d’énormes progrès, et le règne végétal fournit à l’industrie pharma 1/3 des médicaments actuels. La capacité extraordinaire des plantes à fabriquer des molécules originales n’à pas fini de surprendre.
Les plantes fascinent toujours et n’ont pas encore livré tous leurs mystères sur la façon dont elles agissent et nous guérissent.
En Europe, il existe une pharmacopée de près de 600 plantes identifiées comme médicinales pour leurs principes actifs et leur toxicité. Il existe 148 plantes dites « libérées » que l’on peut vendre et consommer librement, souvent des plantes à usage culinaire et aromatique.